Témoignage d’un rescapé de la migration clandestine : « L’eldorado, c’est chez soi »

Article : Témoignage d’un rescapé de la migration clandestine : « L’eldorado, c’est chez soi »
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21 juin 2017

Témoignage d’un rescapé de la migration clandestine : « L’eldorado, c’est chez soi »

L’immigration clandestine est un phénomène auquel se livrent certains jeunes africains pour retrouver le chemin de l’Europe via la méditerrané. Saliou est l’une de ces personnes qui, après avoir terminé ses études, a tenté la mésaventure. Mais les réalités de la vie lui conduisent à une autre déception.

Agée d’une vingtaine d’année, Saliou est diplômé de licence à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia-Conakry. Après avoir échoué dans un projet de distribution d’électricité dans un marché de la capitale, il se lance à l’idée de retrouver le continent européen en passant par la voie la moins couteuse (la méditerrané).

Un matin, il sort de chez lui avec son sac à dos sans même dire au revoir à quelqu’un de sa famille. Un passeport, une valeur de 500 mille francs guinéens comme argent de poche, 700 euros pour les frais de transport entre Conakry-Europe composaient son bagage.

« Dans un espoir méconnu, j’avais toutes les illusions au monde. Cependant certaines réalités sont truffées de pièges», se souvient-il. Après le cap de Bamako, il continue pour le Niger où il devait rejoindre la ville d’Agadez, le point de ralliement des migrants de différents horizons. « C’est là où la vraie aventure commence. Un milieu où rien ne se bouge au hasard. C’est comme si j’étais dans une autre planète inhabitable à l’homme », déplore t-il.

En ayant à l’espoir que tout devrait se passer au plus vite qu’il le croyait, Saliou a été berné par l’homme qui lui avait promit de l’aider à rentrer en Europe. « Là, je me suis retrouvé  dans l’impasse car  je ne mangeais pas à ma faim et difficilement qu’on gagnait de l’eau à boire ».

Pour traverser cette première étape de plus de 2 mois de misère et de sous alimentation, le tout nouveau licencié rentre en contact avec la famille qui n’avait jusque là pas ses nouvelles, puis demande de l’aide financière pour continuer son chemin.

« Après avoir reçu une somme d’une valeur de 400 euros, j’ai essayé de continuer mon chemin en rencontrant un autre homme d’affaire pour arriver à destination ».

Ainsi, il bouge avec sa compagnie du jour pour la Libye. En cours de route Saliou découvre une aventure outre que celle vécue et reste désormais incertain car ayant observé des choses très émouvantes « Je me vois dans l’obligation de payer tout comme les autres, une somme d’argent qui varie entre 20 mille et 25 mille fcfa aux forces de sécurité et cela à chaque barrage. Du côté des autoritaires de la route (rebelles/jihadistes), le montant peut aller jusqu’à plus de 50 mille fcfa ». A défaut, l’intéressé descend à mi-chemin et surtout sans suite. Après des jours de pessimisme profond, ils arrivent en Lybie et Saliou découvre un monde pire que celui qu’il avait traversé.

Cette fois, le but pour lui est de rentrer au bercail car la réalité est différente de celle qu’il avait pensé « il fallait donc avoir le sang froid en ce sens que l’on ne pouvait pas dénombrer les personnes qui mouraient dans des pirogues à longueur de journée et parmi lesquels se trouvait mon ami de longues dates avec qui, j’avais fait le départ de Conakry ».

Désormais en Libye, c’est entre « la vie ou la mort. Personne ne pouvait renoncer à la destination. C’est delà que j’ai découvert le trésor de vivre chez soi ».

Epuisé et inquiet, il cherche une autre solution et rencontre un sénégalais qui avait vécu près d’un an dans cette souffrance et qui voulait aussi échapper. « Après des explications approfondies de M’Baye et les témoignages oculaires, j’ai compris que le mieux était de retrouver ma famille et mon pays. Nous avons réussi à sortir de la Libye en tentant de rentrer en Algérie à pieds avec tant de péripéties et de désastres de certains bourreaux autochtones ».

C’est là que Saliou a réussit de rentrer à nouveau en contact avec son frère qui a usé de ses relations pour le ramener à Conakry par la voie aérienne.

Désormais, son plus grand souci est de « stopper toute forme de migration sécrète et faire régner les droits de l’homme partout ».

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