Un voyage qui le prive d’âge

Article : Un voyage qui le prive d’âge
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21 avril 2021

Un voyage qui le prive d’âge

Il m’est parfois très difficile de prendre du temps à m’assoir devant mon clavier pour faire ressortir ce que je ressens au fond de mon cœur. Lorsque je me perds dans un temps d’isolement et surtout lorsque je me planque devant un écran de télé pour voir ce qui se passe comme actualité dans une mer étendue de misérables jeunes gens qui, à la recherche d’une vie aisée, se perchent dans un monde dénaturé.


Mon cœur saigne et mes yeux peinent à observer longtemps les images insoutenables de ces centaines de jeunes, parfois mineurs, accrochés à des pirogues de fortunes qui les larguent dans les eaux et servent leurs âmes au diable.


Un jeune à la fleur de l’âge, qui se détache et tombe comme une feuille morte d’un baobab en plein hivernage. Sourd même face à la parole sage, il se lance dans un voyage qui lui ôte la vie et tourne sa page.


C’est assez difficile d’exprimer mon amertume ici car même si je crie, la méditerranée ne m’écoutera jamais. Mais j’ai l’espoir que par humanisme, certaines âmes n’y tomberont jamais.


Je ne sais pas par quel mot commencer, mais j’ai envie de partager ma mélancolie avec tout le monde sans avoir l’émotion qui me taraude le cerveau. Et la tristesse d’observer une minute de silence me pousse à observer un cercueil en lambeau.


Je m’efforce à ne pas écouter mon cœur pour ne pas que mes yeux s’emballent dans des pleurs.

Ton voyage à l’allure d’adieu, me plonge dans un monde d’émotions. Je me rappelle encore après cette période hivernale, et à cette heure bien sonnée, ton regard n’arrêtait pas de me fixer sur le visage. Et tu n’arrêtais pas de me parler de tes projets pour éviter que je ne te décourage.
A ton jeune âge, tu avais toujours ton ambition qui dépassait tes émotions. Mais tu as toujours su t’abstenir pour ne pas me donner d’explications.


Je ne suis pas en train de te faire de procès mais j’aurais juste aimé que tu te démarques de l’illusion. Hélas !


Notre causerie en cette nuit de mars 2016 a tellement été rude que je n’ai pas cessé de te demander pourquoi un tel comportement étrange ? Malgré tout, ta réponse a toujours été que tu te portes un peu mal, mais que ta volonté est qu’on échange.


Et ton argument principal était vraisemblablement que tu voulais partir suivre ta convalescence à ton Mamou natal. Dommage que je n’ai pas su réellement ton objectif pour éviter que tu suives un sentier fatal.


Et la seule personne imprégnée n’était qu’un complexé indécis, qui n’a aucune responsabilité en lui pour te dissuader. Sans hésitation contre lui, je ne cacherai pas mon amertume pour l’ignorer.


Ta communication de cette nuit-là avait une signification. Mais t’as sans doute hésité que l’on te lise dans tes paroles méfiantes. Ton croisement de bras, ta position inhabituelle et détournée envers moi, continueront de hanter mon esprit pour toujours.


A chaque fois que je te demandais à me regarder dans les jeux, tu hésitais en ramassant de morceaux de graviers pour jeter au sol, un à un à tout moment. Cela a été une période que je ne pourrai avaler à aucun moment. C’est évident !


Ton bon comportement envers la société a été que tu t’es fait beaucoup remarquer. C’est pourquoi ton nom a sans aucun doute pesé.
Ton voyage Conakry-Saint Luis d’il y a dix ans n’a pas empêché que tu tentes cette fois Conakry-Tripoli, qui t’as induit dans l’oubli des ainés.


Et ton semblant ami n’a pas eu l’audace de te cracher la véracité. Jusqu’à nos jours il continue à se blanchir dans une histoire qu’il aurait sitôt explicitée.


Dans la vie, il y a de faux frères qui n’ont jamais cessés de rouler avec toi mais t’auraient marchés dessus. Mais l’histoire retiendra de cette complicité à ton voyage sans retour qui a causé à tes proches trop de soucis.


Parfois même quand on me prononce le mot migration, je me perds entre celui de l’émigration et de l’immigration. Et lorsqu’on me demande de choisir entre les deux, je choisirai sans risque de me tromper, le deuxième sans hésitation.


Car le fait d’accueillir quelqu’un chez moi dans la fraternité me donne la force de m’enraciné de mon Afrique dans sa fierté. L’irrégularité revient aux autorités mais l’hospitalité sans distinction aucune, est pour moi une grandeur d’âme dans ma dignité.


Pour ton honneur, je continuerai à lutter contre toute forme d’immigration irrégulière. Je me battrai comme toujours pour un monde juste en droit et en devoir.


Surtout à ceux qui optent une voie inconnue souvent sans retour pour se donner à des intempéries de la nature. Ça restera un devoir.


Dors en paix Cheick. Car nos prières pour toi remplaceront nos courriers et ton image restera une tache indélébile dans nos cœurs !

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