Méditerranée : un voyage qui mérite pleurs et indignation

Article : Méditerranée : un voyage qui mérite pleurs et indignation
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2 mai 2021

Méditerranée : un voyage qui mérite pleurs et indignation

Il est possible de trouver une vie aisée dans la migration. Nous avons certes des parents en Occident qui ont fait des réalisations en construisant soit une villa, un étage etc. Mais ils ne sont pas forcément passés par la voie irrégulière pour faire tout cela.

Mais nombreux sont ces jeunes gens qui de nos jours, empruntent la Méditerranée, parce qu’ils rêvent par tous les moyens d’être en Europe.
Force est de reconnaitre qu’au cours de ces dernières décennies, cette mer que la plupart de la couche juvénile africaine préfère traverser pour trouver l’eldorado tant rêvé, reste sans aucun doute son grand bourreau.

Ahmed et Thierno sont deux cousins et des amis du même âge. Très d’accord, ils décident d’émigrer vers un pays qui n’est pas d’Afrique. En ayant à l’idée qu’ils vont siffler la fin de plusieurs années de galères dans leur pays d’origine, la Guinée.

Et avant de sortir de leur Mamou natal, les deux intimes amis ont décidé de traverser le désert ensemble sans le dire à quelqu’un. Cependant ils n’avaient quasiment rien en poche.

Malgré tout, Thierno sollicite du fric à son grand frère qui réside en Occident. Et comme argument, il veut se compléter pour s’acheter une voiture et faire le taxi-ville à Conakry.

De son côté, Ahmed s’est fixé pour but de trouver un peu d’argent, pour son transport entre Conakry et la Libye. Il profite alors de faire du travail de manœuvre dans des chantiers de construction. Parfois même, il aide ses amis taxi-motards à travailler, pour trouver aussi quelques petits pognons.

Un beau jour, les deux complices de tous les temps issus d’une même famille pourtant pas misérable, décident de prendre la tangente tout en restant dans leur discrétion.

Sur le chemin de l’Europe, ils rencontrent aussi certains de leurs amis d’enfance, à un moment où, c’est l’équation selon laquelle : « chacun pour soi, Dieu pour tous ».

Arrivés à l’étape de Gao au Mali, Ahmed écrit à l’un de ses jeunes frères qui est à Conakry via Facebook, pour lui donner de leur nouvelle tout en le mettant en garde de ne pas communiquer sur sa situation. Car son absence inhabituelle crée de la psychose dans la famille.

Quelques jours plus tard, c’est la famille qui vit avec Thierno qui se plaint de ne pas avoir ses nouvelles aussi. Mais qu’est-ce qui se passe enfin ?

Personne ne peut répondre sauf la seule personne qui a décidé de garder ce secret dans son estomac. Et pourtant ils communiquent à tout moment opportun.

Arrivés sur le territoire algérien, tout se complique pour les deux migrants. N’ayants plus d’économie, il leur a fallu faire signe de vie contre leur gré. Et là, ils se retrouvent dans un désert, une étendue vide, et inestimable à l’œil nu.

Déboussolés, ils n’ont plus une vraie direction qui puisse les mener à leurs vraies destinations. Pas même de temps de prière pour demander la clémence du tout puissant, Allah. Même si Thierno mémorise la quasi-totalité du Saint Coran dans sa cervelle.

Auparavant, aucun d’eux n’avait eu la chance de sortir du territoire de leur pays d’origine. Et c’est de-là qu’ils se rappellent que l’Eldorado tant rêvé n’est autre que ‘’chez soi’’. De pression en pression, Ahmed réussit à contacter son père pour lui donner de ses nouvelles tout en lui demandant l’argent que les passeurs
les demandent.

C’est sans doute une obligation. Il revient maintenant aux parents de payer tous les montants que ces gens réclament comme rançon. Et tout cela, contre leurs volontés.

Les enfants deviennent des marchandises à des groupes de gangs inconnus. « Si je savais, je serais resté chez moi pour vivre la paix dans le cœur », se souvient le père d’Ahmed, lors d’un échange téléphonique avec son fils.

Après quelques mois d’incertitudes et de désillusions dans les familles, les jeunes arrivent aux larges de la Libye. Désormais, c’est ‘’partir ou mourir’’. Et il faut patienter dans une zone où on ne voit que de jeunes désenchantés, venus des quatre coins du continent africain pour traverser. Sur la côte méditerranéenne, tout le monde guette son tour pour prendre un risque qui pourrait lui coûter la vie pour toujours.

Quelques jours avant la traversée, Ahmed réussit à contacter son père pour lui dire adieu. De l’autre côté du fil, témoigne son père, il me disait :

« Papa, j’ai emprunté ce chemin en ayant l’espoir que tout allait se passer comme voulu et je l’espère aussi. Malgré quelques difficultés rencontrées. Mais retiens un mot, je dois foncer après demain et dès que je rentre en Italie, je t’appelle en premier. N’oublie surtout pas que je t’aime », se souviendra son père jusqu’à son dernier soupir.

Hélas ! C’est par le biais du média français, France24 que son cher papa a appris par la suite le naufrage d’une pirogue de migrants en pleine mer. Et jusqu’à nos jours, soit cinq ans après, aucun téléphone n’a crépité pour avoir une quelconque nouvelle de son enfant ou de son cousin.

Et pire, cette année fut un coup de tonnerre fatale, dans de nombreuses familles de la ville carrefour et cosmopolite de la Guinée. Dans certains quartiers, on pouvait dénombrer plusieurs victimes. Parfois dans une même famille.

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