Coup d’État en Guinée : mon œil de reporter

Article : Coup d’État en Guinée : mon œil de reporter
Crédit: Wikimedia Commons
6 septembre 2021

Coup d’État en Guinée : mon œil de reporter

Ce dimanche 5 septembre, le peuple de Guinée s’est levé avec une nouvelle inattendue. Il s’agit bien d’un coup d’État orchestré par un groupe de militaires. A sa tête, on peut voir clairement le colonel Mamady Doumbouya, responsable de l’unité des Forces spéciales. Se considérant comme étant l’actuel homme fort, il se dit préoccupé de la situation sociopolitique de son pays.

Après des témoignages d’habitants de la presqu’île de Kaloum, il y a eu des tirs d’armes à feu aux alentours de Sékoutouréyah, où se situe la présidence de la République. Le Comité national du Rassemblement et du Développement (CNRD), déclare désormais contrôler la situation.

De l’autre côté, le régime en place nie en bloc un éventuel renversement. Il avance plutôt une tentative de troubles à l’ordre public par des assaillants. Mais la véracité de ces différentes déclarations a été prouvée vers 14 heures, à la télévision nationale. Et pour avoir une idée précise, j’ai décidé de faire un tour dans certains endroits de la haute banlieue de Conakry.

Prendre le pouls de la population

Je me dirige pour un premier temps à l’autoroute  »Le Prince », fief de l’opposition. Ici, au marché de Koloma, où on trouve d’ailleurs un poste d’appui (PA), la population danse et cohabite de même avec ces forces de sécurité mixtes. Non loin, c’est une ambiance de joie qui prévaut au rond-point de Bambéto.

Pas assez distant, j’essaie de jeter un coup d’œil à la RTG, où est localisée la télévision d’État. D’où le nouvel homme fort du pays a déjà fait sa déclaration, il y a quelques moments. À la rentrée de la cour, aucun dispositif militaire n’est visible. Même si j’ai failli payer des frais.

Ainsi, je prends la direction de l’autoroute Fidel Castro. Mais bien avant, j’en profite pour passer au siège du RPG, parti qui avait porté Alpha Condé au pouvoir. Contrairement aux autres endroits, c’est silence radio. Tout le monde garde profil bas. On peut sans doute lire une déception sur les visages des uns et des autres. Aucun n’a voulu communiquer pour donner son impression de la situation.

Absence de mouvement et cris de joie

A l’aéroport international de Conakry, juste à la rentrée principale, des hommes encagoulés et lourdement armés y sont postés. Aucun mouvement des voyageurs, ni des vols aériens. Et des jeunes manifestent de même leur joie en clamant de passage : « Colonel Doumbouya a chassé Corona. Plus jamais de confinement ». Sur cet axe aussi, les klaxons de motards retentissent. Ils chantent : « liberté démocratique tant attendue ».

Et je prends la direction du camp Alpha Yaya Diallo, l’un des casernes les plus importants de la Guinée. Et là, je cherche à savoir l’ambiance qui y prévaut également. Contrairement aux journées habituelles, la sécurité reste très costaud. Aucun accès n’y est permis.

Pas question de regrouper quelconque à la devanture. Étant donné que le militaire n’exécute que l’ordre de son supérieur, je ne réussis pas non plus à avoir une confidence en off.

Dans une situation tendue de coup d’Etat, où les populations se parlent difficilement, le nouveau putsch promet de prendre le destin du pays en main. Il annonce la dissolution du gouvernement, la suspension de la Constitution et de toutes les institutions de la République. En attendant de voir plus clair dans les heures à venir.

Affaire à suivre…

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