Guinée: une transition en régression

Article : Guinée: une transition en régression
Crédit: Wikimedia Commons
25 octobre 2022

Guinée: une transition en régression

Il y a un peu plus d’une année, un groupe de militaires venus de Kaléah, préfecture de Forécariah, au sud-est de Conakry, s’emparait du pouvoir pour dit-il, sauver l’honneur du peuple de Guinée. Victime de son histoire qui fut longtemps bafouée par une  »élite » arrogante, sort de sa résignation. La population qui a toujours aspiré la liberté dans la fraternité a affiché sa position et acclamé sans réserve l’acte posé et osé par le nouveau colosse qui venait à peine d’occuper le palais présidentiel. Chacun chantait son  »tcha-tcha », puis dénonçait le pouvoir moribond défunt. Oubliant parfois que l’homme reste le plus souvent cet connu inconnu.

Le 5 septembre 2021, fut un regain d’espoir pour un peuple victime d’une exploitation éhontée de dinosaures qui ont géré les affaires publiques sans partage, ni loyauté pendant plus d’une décennie, avec tout son corollaire. Car, à se rappeler seulement des crimes de sang qui ont décimé environs 100 jeunes dont l’âge varie entre 12 et 35 ans, on reste terroriser. ce qui fait surtout mal, c’est lorsque tout ceci ressort du simple projet d’un mandat de trop.

Le lendemain et les jours qui ont suivi, c’est tout le monde qui s’est levé comme un seul homme pour acclamer et attirer l’attention de l’opinion internationale. Tout le monde était unanime de rester dans la logique du désormais colonel pour mener à bien la transition.

Leaders politiques, membres de société civile… Des campagnes sont lancées partout en faveur des putschistes. Le but est de chercher à faire adhérer tous dans la perspective du nouvel homme fort de la Guinée. Ceci dans l’objectif de contribuer à la bonne marche de la transition des militaires.

Mais quelle genre de transition?

Aucun guinéen n’a intérêt de voire le pays basculé, ni le voire revenir à la case de départ. Mais pour une fois de trop, il fallait retrouver le véhicule sous l’œil impuissant du bas peuple à un point mort sur une colline abrupte. Hélas!

Au départ, tout le monde avait un espoir affiché et démesuré. Des annonces sont faites. Une cour de répression des infractions économiques et financières est créée pour traquer les bandits à colle-blanc. La justice est annoncée comme étant la boussole qui va désormais diriger la destinée de la Guinée.

Les assises nationales sont également au rendez-vous pour parler de la conduite de la transition avec toutes les forces vives de la nation. Des couleurs sont affichées par le comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD). Et une lierre d’espoir déferle dans les esprits de tout le monde.

Cependant, ces espoirs deviennent éphémères. Ils prennent une direction à partir du moment où, une frange de la société civile a demandé entre autre : la liste des membres du CNRD, qui a opéré le coup d’État. Cela, dans l’optique de plus de clarté dans la gestion des affaires politiques et sociales, la déclaration de ses biens et ceux des membres du gouvernement… Choses qui sont compliquées pour la junte.

Mais la boussole s’enfonce dans la boue et se colle. Des leaders d’opinion sont parfois persécutés et des gueules sont tapées. La maison carcérale « 5 étoiles de Coronthie » accueille désormais les voies discordantes et les détenus de détournements de deniers publics restent en prison sans jugement.

Pire, l’un des hauts cadres du régime déçu meurt en détention sans jamais avoir connu un procès. D’autres qui ont reçu de la Cour d’appel de Conakry une autorisation de liberté provisoire restent encore en gnouf sans raison valable.

Désormais, les crises sociopolitiques deviennent la boussole de la transition

Certes, la crise Russo-ukrainienne prouve le fait qu’il y ai une crise économique mondiale. Le monde entier se lamente et pleure. Mais le cas particulier de la Guinée démontre que le citoyen guinéen criaille par le fait que le pays rentre dans un système acrobatique dans une acrobatie risquée.

Contrairement au premier discours qu’a été prononcé par le colonel: « nous allons évité les erreurs du passé ». Malheureusement on s’enfonce dans les ténèbres de l’histoire. Des manifestations sociopolitiques sont réprimées dans le sang. Aucune confiance n’existe entre les acteurs sensés de mener à bon escient la conduite normale de la transition.

Des institutions sont décriées comme celle de la Commission économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), sensée d’accompagner la Guinée en cette période singulière de l’histoire du pays. Le cas palpable fut celui démenti par la junte au président en exercice de l’institution sous régionale, lors de sa confidence au président français, Emmanuel Macron, en visite à Bissau.

Malgré toutes les pressions internes et externes, la junte militaire semble rester droit dans ses bottes. La transition prend une tournure lamentable. A datte, on compte plus d’une dizaine d’opposants assassinés lors des manifestations appelées parfois par le front national pour la défense de la constitution (FNDC). L’autre système de faire taire les voix dissonantes qui se dessine est de placer sous contrôle judiciaire tout leader d’opinion.

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