Guinée : je ressens mes maux, méfiez-vous des mots mon colonel !

Article : Guinée : je ressens mes maux, méfiez-vous des mots mon colonel !
Crédit: Wikimedia Commons
16 septembre 2021

Guinée : je ressens mes maux, méfiez-vous des mots mon colonel !

Il est temps de me réveiller pour parler haut et fort de mon inquiétude. Mieux vaut crier de ce à quoi je ressens, que d’attendre le son de la cloche pour avoir tort.

Certes, le coup d’État du 5 septembre dernier a été un ouf de soulagement pour le peuple de Guinée. Mais on se souvient toujours des autres coups d’États qu’a connu le pays au cours de ces dernières décennies.

L’histoire est têtue

Les actes rattrapent souvent. On se souvient encore de l’année 1984 et du Comité militaire de redressement national (CMRN), dirigé par le colonel Lansana Conté. Après avoir pris les rênes du pouvoir, il a promis le retour de l’État de droit à un peuple tant martyrisé par le régime Sékou Touré.

Les promesses de tout mettre en ordre et d’organiser une élection présidentielle démocratique pour la première fois de l’histoire du pays en a emmené plus d’un à garder un espoir démesuré.

Malgré tout, on a assisté à neuf années de transition militaire sans raison valable. Le pays est resté plongé dans une situation sociopolitique profonde. Le système de gouvernance du « coudéisme », c’est-à-dire, à 24 ans de règne sans partage.

Au cours de cette période, on a encore en mémoire des mots comme « Wo fattara ». Littéralement, « vous avez bien fait » ! Le tripatouillage constitutionnel de 2001, la présidentielle bâclée de 2003, les mouvements sociaux de 2006-2007 qui ont conduit à plus de 150 morts, dont les familles, attendent encore justice.

L’autre illusion qui se dessine

Je garde en cervelle, tout comme tant de jeunes Guinéens, la journée du 23 décembre 2008. Lorsqu’un visage inconnu du grand public sort de nulle part pour, dit-il, sauver mon peuple victime d’un système de gouvernance éhontée et moribonde. Un capitaine de l’armée qui se montrait comme étant le messie. Celui qui a promis de gérer tous les problèmes auxquels les Guinéens sont confrontés.

Dans sa tenue militaire qui l’identifie au corps de béret rouge, le président du Conseil national pour le développement et la démocratie (CNDD) témoignait devant le monde entier sa volonté ferme de tout mettre en ordre puis d’organiser des élections libres, crédibles, inclusives, démocratiques et transparentes, en ne se présentant pas et en ayant aucun candidat. Il promet de rendre définitivement le pouvoir avec honneur.

Un Moussa Dadis parfois sincère et bavard, commence par s’attaquer aux problèmes d’audits d’anciens cadres dignitaires du président défunt, en passant par les mines, puis va jusqu’à résilier des contrats dans certains secteurs. Il devient à la fois président, justice, économie…

Et le peuple de Guinée se souvient encore à son fort étonnement avoir été berné et trahi par un groupe d’individus qui prétendait parler en son nom. On n’a pas encore oublié le fameux mot « Dadis ou la mort » ! Car tout ça a conduit aux tragiques événements du 28 septembre 2009.

11 ans dans le système démon craché !

Face à son destin amer, la Guinée bascule dans les mains d’un opposant historique. Celui que l’on pensait être la solution de tous les maux. Ce sorbonnard qui vendait d’illusions quand à un décollage économique et judiciaire d’un pays à l’agonie. Ce, depuis plus d’un demi-siècle d’indépendance.

Alpha Condé se faisait appeler « mains propres ». Il n’a jamais appartenu dans la gestion sous les précédents régimes malgré ses quatre décennies de quête du pouvoir. Hélas, le rêve du peuple n’a été qu’utopique.

On n’a pas besoin de rentrer dans les archives pour fouiner longuement. Car on a encore fraîchement dans les mémoires les mises en garde de Kelefa Sall, ex-président de la Cour constitutionnelle à Alpha Condé : « …Évitez les sirènes révisionnistes ». Tout ceci, dans le but d’éviter de tomber dans le chaos.

Mais les troubadours sans foi ni loi se sont plutôt penchés comme toujours à leurs poches. On a pas oublié « Alpha Condé est un don divin… », « Qu’on veuille ou pas, c’est lui »… D’aucuns sont allés jusqu’à lui considérer comme étant un demi dieu sur terre.

Malheureusement, on a assisté à plus de cent morts, juste pour avoir pris position à un tripatouillage de la constitution pour s’octroyer un mandat de trop. Et la suite a été éphémère, malgré tout.

Référons-nous au passé

Mon colonel Mamady Doumbouya, président du Comité national pour le rassemblement et la démocratie (CNRD), nous voilà aujourd’hui encore face à notre destin. Sachez faire la part des choses tout en évitant de rentrer dans les mailles des démagogues.

Et comme vous avez déjà promis, faites une inclusion socioprofessionnelle de toute les composantes de la nation pour nous éviter le pire. Évitez les petits esprits maléfiques.

L’histoire se répète parfois. En 2009, le capitaine Dadis avait eu l’initiative mais n’a pas abouti. Servez-vous des erreurs des autres pour trouver la solution idoine. N’oubliez pas que l’avenir sort du passé.

Un leader écoute tous, mais n’exécute pas tout. Évitez les discours populistes et ignorez les businessman de crises. Sachez clairement que la jeunesse guinéenne contemporaine est mature dans l’esprit.

De toute façon, la majorité silencieuse vous observe et attend l’honneur de votre part !

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