Obamazid

Energie : Octroi des marchés de gré à gré et surfacturation, la Guinée dans l’assiette des dinosaures

Les secteurs de l’administration guinéenne restent encore émailler par la corruption. De passation en passation, les marchés publics virgulent dans des couloirs pour arriver à des cibles suivant des relations et le copinage. Tout cela avec des services parfois incompétents et sans dossiers d’archivages des travaux. Le secteur énergétique reste parmi les plus touchés du pays.

Le vrai cancer qui  de nos jours touche l’administration Condé est sans doute la tenue de la gestion publique par certains tacites du parti au pouvoir mais aussi par des dinosaures qui ont connu tous les régimes qui se sont succédés depuis l’accession de la Guinée à l’indépendance. Cela prouve à suffisance les carences de l’Etat à moderniser l’administration et booster les compétences pour faire face aux réalités modernes dont entre autre ; la promotion des techniques de l’information et de la communication qui sont un vecteur de développement en ce monde du 21ème siècle. Tout ce qui intéresse pour eux, c’est de s’enrichir sur le dos du contribuable guinéen en passant par tous les moyens. Ne dit-on pas que « tous les moyens sont possible pour atteindre l’objectif » ?

La duperie de certaines personnes, les recours aux procédures de gré à gré et parfois le suicide dans lequel l’Etat s’est lui-même engagé ne fait pas honneur pour une nation qui se voie dans le bon chemin vers le rendez-vous des pays développés.

Le problème énergétique donne encore du chemin à parcourir car, 92% des marchés ont été suspendus. Une mission d’audite avait été mise en place à un moment donné pour un système de payement qui n’a aucune base légale. L’Etat s’est engagé dans des marchés pour préfinancer les bénéficiaires.

Chose qui ne figurait pas dans les procédures. Il se passe aussi que l’Etat mette en place des garanties bancaires en faveur des bénéficiaires de ces marchés. Et c’est généralement sur la demande du ministère de l’économie et des finances qui saisi le gouverneur de la banque centrale qui à son tour ouvre dans une banque privée de la place, un compte de garantie soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays pour confirmer la première demande du mode de payement de la lettre de garantie qui est pourtant différent du mode de payement irrévocable et confirmé qui s’étend sur 5 ans. Or ce mode de garantie s’étend sur 1 an.

On a pas de délai de respect de tous ces délais d’exécutions. Beaucoup d’autres exécutions ont été relevées mais les plus graves, c’est la surfacturation des prix. Dans un échantillon de marché, il ya lieu de citer en guise d’illustration, les 100 MW de la centrale thermique de Tombo qui a été pris par la société brésilienne Asperbras, dont certains avaient parlé de son introduction par le fils du président de la République, Mohamed Alpha Condé et qui avait été démenti par le ministre de l’énergie d’à l’époque en l’occurrence Papa Koly Kourouma.

Une société qui devait en réalité mener des études géophysiques, livrer des équipements de travail avec un délai de 6 mois, se reconvertit finalement en société de fourniture électrique.

On lui a octroyé un marché de « 122 millions de dollars américains dont plus de 100 millions US » ont déjà été payés. Après 2 ans et demi de travaux vains, l’Etat résilie finalement le contrat consensuel et laisse la société s’en aller sans aucun dédommagement ni de poursuite judiciaire. Par la suite, l’Etat engage plus de « 500 millions de dollars US » pour parer les défaillances des travaux de la société.

Un autre marché concerne la location des groupes Agreco, qui a été passé par l’Etat pour palier à la défaillance d’Asperbras, pour régler le système de déficit dans la capitale tout en dépensant 30 autres millions US à cette nouvelle société.

K énergie, a également été introduite pour trouver une solution à cause de la non fiabilité de la société brésilienne qui à son tour va coûter à l’Etat sur une période de 2 ans, « 60 millions de dollars US. »

Toujours à cause du manque de défaillance de la société brésilienne, c’est une autre société mauritanienne qui signe un autre contrat et qui prend en charge les équipements d’Asperbras qui avaient été mis en fonction. Cette nouvelle entreprise va mettre la centrale en activité et va désormais revendre à la Guinée de courant électrique pendant les 5 ans à venir sur un montant de « 100 millions US » et cela à partir des équipements qui appartiennent au pays et qui ont été réglés par Asperbras.

Le contrat de Tombo 3 qui avait été offert par l’homme d’affaire et leader politique Ibrahima Abé Sylla, une centrale de 44 MW qui devait être rénovée, et dont une étude de rénovation avait été faite et qu’une requête avait été transmise par la banque africaine de développement pour un montant de 15 millions de dollars US. Tous ceci a été mis à côté, on a donc décidé de mettre les travaux à une autre entreprise non pas pour « 15 millions US, mais pour 42 millions US ».

Pour le contrat de fourniture de lampadaires, au lieu de « 100 millions US, c’est plutôt 104 millions US ». Et, au lieu de service après vente, c’est tout à fait le contraire.

Ce qui est surtout surprenant, c’est le fait que l’Etat même a commandité sous la demande du fond monétaire international, un audite des fonds entre 2013-2014 et début 2015, réalisé par un cabinet malien dénommé ICP et qui a été recruté par l’Etat. D’après ce que prouve le rapport du cabinet, on ne trouve aucun document quant à l’octroi des marchés, ni des contrats, ni les payements encore moins les factures. Alors la première observation faite était de dire qu’il n’ya pas de documentations et tous les projets qui avaient été soumis n’ont pas pu être audités.


Paroles de gangs

Zaco, carrefour Cosa, dans la périphérie du quartier Cosa en haute banlieue de Conakry. Je passe dans le coin parfois, en revenant de chez ma coqueluche. Là, à longueur de journée et même la nuit, de part et d’autre des rails, des jeunes gens s’asseyent pour fumer du « bab », communément appelé chanvre indien. J’ai souvent eu envie de m’adresser à un ancien camarade du collège, mais j’évite. Ce soir-là, donc, je décide de m’approcher à lui tout en me présentant. Chose faite enfin et accès ouvert. Tout comme au collège, je décide en tant qu’ancien camarade de classe de lui poser la question de savoir si je pourrais avoir un échange avec lui et ses potes. J’obtiens le feu vert, mais à condition que se ne soit pas de la traîtrise (espionnage).

Bob est la première personne à bien vouloir m’accorder quelques instants. « Je suis un diplômé en quête d’emploi, dit-il, et je suis Thug. Je viens ici fumer de la ganja pour effacer un certain nombre de soucis dans mon crâne. Je suis parfois stressé et, quand je me souviens de certaines réalités, notamment celle politico-économique de mon pays, je n’ai pas d’espoir. Quand je me souviens des moments de mon enfance, des soutiens de la part des parents, je n’arrête de me révolter contre les dirigeants incapables et corrompus. Mes parents ne m’ont jamais vus en train de fumer ou boire de la bière. »

Je me demande comment c’est possible, surtout au niveau des horaires. « Je reste ici exposé à la nature jusqu’au moment voulu, poursuit-il. Pour des raisons de sécurité, nous sommes en contact avec certains hommes en uniforme, car ils viennent aussi fumer avec nous. Sinon, au niveau sanitaire, je n’ai pas de crainte parce que ça me permet d’éviter certaines maladies graves comme le cancer, par exemple, comme l’a d’ailleurs chanté le reggae-man Takana Zion dans son morceau « Yèhè kha tamy » (le pain du mouton). »

Je reste un peu abasourdi par cette réponse. J’imagine un peu ce que je vois en face, des jeunes dont l’âge varie entre 17 et 35 ans, voire plus, qui restent toute la journée en train de saurer sous le soleil accablant, et qui généralement n’ont pas de métiers lucratifs pour satisfaire leurs besoins primaires ou secondaires. Souvent, on rencontre des diplômés parmi eux. Dans la vie, on voit tout hein !

Zion, quant à lui, est étudiant dans une université privée de la place. Il dit être conscient du fait d’être stigmatisé par ses deux sœurs qui sont au courant de son vice, mais il est habitué à ça. Seulement, il évite que sa mère déjà bien âgée soit au courant. « C’est pratiquement une source de revenus pour moi, me confie-t-il. Je vends de la marijuana pour subvenir à mes besoins personnels. Je suis connu par pas mal de personnes qui viennent aussi acheter en privé avec moi, y compris certains membres des forces de sécurité. Pour moi, je suis vendeur, un point c’est tout. Je pourrais bien arrêter quand je trouve un boulot qui procure de l’argent et qui me permet de satisfaire à mes besoins et aux besoins de la famille, car je suis conscient que j’ai maintenant l’âge de fonder mon propre foyer. » Je lui demande s’il n’a pas peur de tomber sur un agent violent. Et là, dans un sourire, il me rassure qu’il n’y a rien à craindre parce que lui-même négocie certains problèmes pour libérer ses petits emprisonnés pour la cause.

Bigger est également là avec ses armes blanches. Mais il est plus jeune que les autres. D’ailleurs, il est toujours au lycée. Il vit chez son oncle paternel qui se fiche de toute sorte de vice, en ce sens qu’étant ivre, il n’y a pour lui rien de tabou. Pour pouvoir satisfaire à ses besoins sans se livrer au vol, Bigger a donc décidé de se lancer à ce genre d’activité commerciale qu’on appelle ici, « yembè gnakhi ma tii», littéralement vendeur de mauvaise fumée en langue soussou. Ce qui lui permet d’assurer certaines dépenses en famille. Il a un grand dans la police qui le protège en cas de malheurs.

Si je comprends bien, tout ça est au vu et au su de tout le monde, y compris des autorités. En Guinée, la consommation de stupéfiants est prohibée. Ce qui oblige à bosser dans la clandestinité pour certains, et d’autres sont protégés par les forces de sécurité. Tout cela n’est pas digne d’une nation en voie de développement, malgré un chômage assez galopant où plus la moitié de la population est jeune avec une administration vieillissante au sein de laquelle parler de retraite est un mystère.


Insalubrité : Conakry se tape la poitrine et prend le relais des autres capitales

La capitale guinéenne fait tête basse ces derniers moments quant au rendez-vous des villes splendides. En cette période des grandes pluies, on la reconnait par aisance et par excellence à travers ses qualités de tas d’immondices d’entassées partout comme si elles tombaient du ciel. Si d’ailleurs on lançait un prix, Conakry serait la capitale mondiale des immondices.

Aucun quartier de la capitale ne peut se frapper la poitrine pour se venter de sa splendeur. Cette période ressemble à une exposition de marchandises où chacun profite pour donner le meilleur prix. On reconnait les lieux publics par le salut des mouches et des rats à distance. Les espaces servant au public de jouissance et de recréation restent à décrier surtout en cette période de fermeture de certains milieux comme les plages. Ces domaines sont d’ailleurs devenus des dépotoirs des populations qui n’ont pas où déverser leurs ordures de ménage. Certaines personnes profitent de la tombé de pluies pour transvaser leurs déchet dans les caniveaux ou dans les fossés à ciel ouvert sans même se soucier de leurs destinations et leurs impacts sur l’environnement. Des détritus qui bouchent au fil du temps les canaux d’évacuation des eaux usées et pluvieuses. Ce qui n’est pas sans conséquence. Les eaux stagnent partout rendant ainsi la circulation difficile.

L’autoroute tout comme la route ‘’le prince’’ via les corniches bloquent l’appétit car depuis l’annonce de l’ex gouverneur de la ville de Conakry, en l’occurrence feu Soriba Sorel Camara, qui s’agissait de sortir les ordures des quartiers et les déposer sur les trottoirs en vue de permettre au petites et moyennes entreprises « PME », de faire la collecte et enfin les centraliser donnent une image moribonde aux différentes routes qui relient Conakry. Pire, aucune autorité n’est sortie par la suite pour faire une communication d’interdiction ou de sensibilisation pour faire comprendre aux gens de ne plus faire la pratique. Chose qui montre l’image méconnaissable de la capitale guinéenne.

Après avoir délocalisé la gestion de ces ordures des délégations spéciales ‘’centres communaux’’, pour des raisons qui sont connues notamment, la guerre des intérêts, il a été question de confier la même gestion avec des milliards de francs guinéens à l’armée. Hélas ! cette entité n’a également pas fait preuve de confiance du président et n’a également pas répondue aux attentes de la population de Conakry (rendre la ville propre). Ainsi, ce même projet fut confié au gouvernorat de la ville de Conakry, qui aussi n’a pas prouvé grand-chose.

La commune de Ratoma qui était indexé comme étant la plus propre parmi les cinq qui composent la capitale dans les temps, affiche le regret aujourd’hui. Le centre des affaires est envahi par des ordures qui dégagent des odeurs nauséabondes.

Les marchés où on dégage des fruits et légumes en provenance de l’intérieur du pays sont également devenus des décharges et si l’on n’y prend pas garde, ces montagnes d’ordures finiront par donner naissance à des « ordres durs » qui dicteront les chemins à emprunter pour se rendre d’un point à un autre.

A l’intérieur de ces mêmes marchés, les administrateurs épousent les idées de ceux qui les commandent car ils sont beaucoup plus préoccupés par des « business-pochettes » pour remplir les leurs sans agir.

Une véritable menace de santé publique et environnementale car certaines marchandes vendent dans un environnement indésirable. Elles étalent leurs marchandises et autres produits et aliments à même le sol, à proximité des amas d’ordures, inconscientes des conséquences néfastes qui en résultent. D’autres aliments inlavables, accueillent des nuées de mouches venant de partout.

Cette situation alarmante et déplorable n’éveille pas malheureusement les consciences des hautes autorités en première ligne, le ministère de la santé, le ministère de l’environnement, celui de l’aménagement du territoire, du tourisme aussi… voir même la présidence de la république où la quasi-totalité des projets de l’Etat sont gérés pour ainsi trouver des solutions adéquates et durables et sonner l’alarme de la prise de conscience. Certaines parmi elles (autorités), s’opposent de préférence à l’action de certains citoyens qui, soucieux de cette image, s’impliquent sans condition dans le ramassage des ordures pour donner une bonne visibilité à la capitale. On pense plutôt aux questions d’intérêts personnels qu’aux questions d’intérêts publics.

La santé du citoyen lambda est d’autant plus menacée en cette période où l’on rencontre facilement des épidémies dû aux aliments de consommation. Conakry se trouve à un moment ou le curage de la ville devrait être une préoccupation de tout un chacun dans la mesure où, ces amas d’ordures pouvaient profiter au pays à un véritable levier de développement pour sa croissance économique et durable. Hélas !

La grosse question que l’on se pose finalement, c’est de connaitre si l’Etat guinéen a bien tiré des leçons qui résultent des précédentes conférences climatiques (COP) ?