Obamazid

Ma famille dans une Masterclass à Conakry

Un jour, j’ai pris une décision dans ma tête. Celle de poursuivre des formations extra-universitaire et surtout d’appartenir à des réseaux professionnels. Partager ma connaissance et mon vécu à des amis est pour moi, une grande joie. Malgré tout, j’ai aussi envie de recevoir d’eux et de ma société ce que je n’ai jusque là, jamais découvert.

Cette ambiance m’a toujours animé depuis maintenant plusieurs années. Il y a quelques mois, je participais à un blogcamp qu’a organisé l’association des blogueurs de Guinée (ABLOGUI) dont je suis membre. Un espace dans lequel, il a été question de débattre en partie sur la question migratoire. Et bien, je me suis comme toujours, mis à la tâche de lutter contre le phénomène qui mine la jeunesse africaine en général et celle guinéenne en particulier.

En surfant sur internet un peu tard, dans la nuit, j’ai vu une annonce sur la toile. Elle consistait d’organiser une Masterclass sur le journalisme de terrain, et accompagnée par l’organisme international pour les migrants. Cela m’a donné l’envie de candidater dans le but de m’approprier des outils liés à la question migratoire, pour plus de reportages sur le terrain.

J’ai déjà porté des messages de sensibilisation à travers les médias sociaux. Sur le présentiel aussi, je me suis toujours investi pour mettre frein à ce fléau au paravent. Il y a lieu de rappeler de passage que j’ai perdu deux de mes jeunes cousins dans la méditerranée. C’est difficile à avaler mais c’est une réalité.

Ce matin du 24 juin, je me lève tôt, pour aller suivre ma Masterclass sur le journalisme de terrain. Mais le problème de bouchon est d’actualité à Conakry. Trouver un taxi et se faufiler jusqu’arriver à destination reste un grand stress à affronter. Mais vouloir c’est aussi pouvoir hein! J’arrive à la Bellevue, ou doit se tenir ma formation. Dans un immeuble de R+4, qui jonche en bordure de route, juste à côté de la représentation diplomatique de la Sierra Leone en Guinée.

Il est 7h15, j’évite de rentrer à 8 heures. Et je suis maintenant au 4ème qui regroupe deux appartements différents. Ne connaissant pas réellement l’appartement dans lequel je dois rentrer, et les visages aussi étaient méconnus pour moi, je rentre dans le premier juste à gauche. J’aperçois une dame de teint noir, habillée en pantalon jean et d’une chemise couvert par un gilet.

C’était bien la coach, madame Hakouma Diarra. Je la salue et lui demande: ‘’Madame, c’est ici où doit se tenir la Masterclass ? » Oui. Me répondit-elle, dans un ton accueillant. Puis me demandant de prendre place dans une salle pleine d’inspiration de desseins sur les murs, accompagnée de tableaux artistiques. En moins de 30 minutes, la salle répondait quasiment au nombre demandé.

Pendant ce moment d’échange à la fois en « classe » et sur le terrain de reportage, j’ai aimé leurs enthousiasmes, leurs intelligences, leurs intuitions, leurs esprits pratiques…

Bien loin d’eux actuellement, j’ai aimé revenir dans ces lignes de blog pour exprimer mes sentiments et ma nostalgie profonde envers tout un chacun. Malgré le fait que la plupart n’a pas cessé de me fatiguer pendant cette période, il faut reconnaitre qu’ils m’ont beaucoup manqué. Et ça reste un beau souvenir.

J’ai de prime abord admiré le leadership de Hakouma, l’amie et la coach de tous les participants. Elle évite de vexer tout un chacun dans son vocabulaire. Elle parvient également à promouvoir l’excellence dans le travail, sans discrimination. Elle s’est aussi battue pour donner son temps et pour être là, à temps et pour chacun.

La causerie fraternelle de ma reine Liza. Elle a toujours été à côté de moi pour me donner l’inspiration qu’il faut. Malgré sa taille et son poids qui cherchent à trahir le corps, elle est vraiment une love de fer. Et nous réclamons encore le prix de meilleur couple de la Masterclass!

J’ai aimé observer la turbulence innocente de Hassatou Lamarana, mon binôme sur le terrain. Ben, amour et boulot font deux hein ! Un exemple d’une junte féminine battante et rêveuse.

La bonne humeur de Doudou et de son acolyte Alpha Oumar. Leur sens et leur attention à aborder les choses. Les attaques ciblées de jalousie entre ma Liza et moi de Abdoulaye Pellel et de son homo Abdoulaye Fofana. Mais, attaques pleines d’humour et de sagesse.

La folie ambitieuse de Zéna, l’entrepreneure et de son mari de secours Ibrahima, qui m’a le plus dérangé, malgré ses interventions pertinentes.

La bonne humeur et le charisme de Lamine JRI et de Lamine Tranquille. Mais il faudra nous préciser d’où provenait la turbulence hein !

La motivation et la spontanéité de Adama et de sa complice Mme Sall. Deux jeunes femmes ayant en elles, un modèle d’inspiration parfois caché. La liste reste non exhaustive.

Il y a bien les citoyens du fond. Ah oui, il en reste encore, cependant je ne peux pas citer tout le monde ici. Je ne peux que parler de quelques uns mais ils restent tous gravés dans ma mémoire.

La vie est faite parfois d’aventures collectives. Nous avons tous notre famille ascendante, qu’on ne choisit pas. Et puis nous en créons d’autres, en fonction de nos parcours de vie. Je n’oublierai jamais celle vécue dans cette Masterclass.

Sans doute, tous ces gens-là, constituent pour moi une nouvelle famille. Une famille de rêve. Même si la Masterclass se limite là, mais le chemin continuera toujours dans l’avenir.


Guinée : je ressens mes maux, méfiez-vous des mots mon colonel !

Il est temps de me réveiller pour parler haut et fort de mon inquiétude. Mieux vaut crier de ce à quoi je ressens, que d’attendre le son de la cloche pour avoir tort.

Certes, le coup d’État du 5 septembre dernier a été un ouf de soulagement pour le peuple de Guinée. Mais on se souvient toujours des autres coups d’États qu’a connu le pays au cours de ces dernières décennies.

L’histoire est têtue

Les actes rattrapent souvent. On se souvient encore de l’année 1984 et du Comité militaire de redressement national (CMRN), dirigé par le colonel Lansana Conté. Après avoir pris les rênes du pouvoir, il a promis le retour de l’État de droit à un peuple tant martyrisé par le régime Sékou Touré.

Les promesses de tout mettre en ordre et d’organiser une élection présidentielle démocratique pour la première fois de l’histoire du pays en a emmené plus d’un à garder un espoir démesuré.

Malgré tout, on a assisté à neuf années de transition militaire sans raison valable. Le pays est resté plongé dans une situation sociopolitique profonde. Le système de gouvernance du « coudéisme », c’est-à-dire, à 24 ans de règne sans partage.

Au cours de cette période, on a encore en mémoire des mots comme « Wo fattara ». Littéralement, « vous avez bien fait » ! Le tripatouillage constitutionnel de 2001, la présidentielle bâclée de 2003, les mouvements sociaux de 2006-2007 qui ont conduit à plus de 150 morts, dont les familles, attendent encore justice.

L’autre illusion qui se dessine

Je garde en cervelle, tout comme tant de jeunes Guinéens, la journée du 23 décembre 2008. Lorsqu’un visage inconnu du grand public sort de nulle part pour, dit-il, sauver mon peuple victime d’un système de gouvernance éhontée et moribonde. Un capitaine de l’armée qui se montrait comme étant le messie. Celui qui a promis de gérer tous les problèmes auxquels les Guinéens sont confrontés.

Dans sa tenue militaire qui l’identifie au corps de béret rouge, le président du Conseil national pour le développement et la démocratie (CNDD) témoignait devant le monde entier sa volonté ferme de tout mettre en ordre puis d’organiser des élections libres, crédibles, inclusives, démocratiques et transparentes, en ne se présentant pas et en ayant aucun candidat. Il promet de rendre définitivement le pouvoir avec honneur.

Un Moussa Dadis parfois sincère et bavard, commence par s’attaquer aux problèmes d’audits d’anciens cadres dignitaires du président défunt, en passant par les mines, puis va jusqu’à résilier des contrats dans certains secteurs. Il devient à la fois président, justice, économie…

Et le peuple de Guinée se souvient encore à son fort étonnement avoir été berné et trahi par un groupe d’individus qui prétendait parler en son nom. On n’a pas encore oublié le fameux mot « Dadis ou la mort » ! Car tout ça a conduit aux tragiques événements du 28 septembre 2009.

11 ans dans le système démon craché !

Face à son destin amer, la Guinée bascule dans les mains d’un opposant historique. Celui que l’on pensait être la solution de tous les maux. Ce sorbonnard qui vendait d’illusions quand à un décollage économique et judiciaire d’un pays à l’agonie. Ce, depuis plus d’un demi-siècle d’indépendance.

Alpha Condé se faisait appeler « mains propres ». Il n’a jamais appartenu dans la gestion sous les précédents régimes malgré ses quatre décennies de quête du pouvoir. Hélas, le rêve du peuple n’a été qu’utopique.

On n’a pas besoin de rentrer dans les archives pour fouiner longuement. Car on a encore fraîchement dans les mémoires les mises en garde de Kelefa Sall, ex-président de la Cour constitutionnelle à Alpha Condé : « …Évitez les sirènes révisionnistes ». Tout ceci, dans le but d’éviter de tomber dans le chaos.

Mais les troubadours sans foi ni loi se sont plutôt penchés comme toujours à leurs poches. On a pas oublié « Alpha Condé est un don divin… », « Qu’on veuille ou pas, c’est lui »… D’aucuns sont allés jusqu’à lui considérer comme étant un demi dieu sur terre.

Malheureusement, on a assisté à plus de cent morts, juste pour avoir pris position à un tripatouillage de la constitution pour s’octroyer un mandat de trop. Et la suite a été éphémère, malgré tout.

Référons-nous au passé

Mon colonel Mamady Doumbouya, président du Comité national pour le rassemblement et la démocratie (CNRD), nous voilà aujourd’hui encore face à notre destin. Sachez faire la part des choses tout en évitant de rentrer dans les mailles des démagogues.

Et comme vous avez déjà promis, faites une inclusion socioprofessionnelle de toute les composantes de la nation pour nous éviter le pire. Évitez les petits esprits maléfiques.

L’histoire se répète parfois. En 2009, le capitaine Dadis avait eu l’initiative mais n’a pas abouti. Servez-vous des erreurs des autres pour trouver la solution idoine. N’oubliez pas que l’avenir sort du passé.

Un leader écoute tous, mais n’exécute pas tout. Évitez les discours populistes et ignorez les businessman de crises. Sachez clairement que la jeunesse guinéenne contemporaine est mature dans l’esprit.

De toute façon, la majorité silencieuse vous observe et attend l’honneur de votre part !


Coup d’État en Guinée : des institutions condamnent, le peuple acclame

Quelques heures après avoir appris du changement de la situation politique de la Guinée, les rues de la capitale et des villes du pays se sont inondées de monde, manifestant leur joie. Mais de l’autre côté, les institutions internationales sont restées fermes.

La sortie du comité national pour le rassemblement et la démocratie (CNRD) aux médias d’Etat, faisant état d’une nouvelle ère donne du souffle à une populace qui se réservait. Si le coup de forcing du 3e mandat de l’ancien régime Condé a mépris toute voix discordante, il faut dire que ce changement de système en exulte plus d’un.

Désormais, activistes de la société civile, population lambda et tant d’autres corporations se résignent de la situation. Les premiers discours et communiqués du putsch ont attiré une certaine attention et poussé beaucoup à la réserve.

Si, il faut le rappeler de passage, ces derniers moments, les maisons de détentions du pays ont été les cibles d’accueils de personnes parfois mineurs qui ont à un temps manifesté leur ras-le-bol contre le mandat de trop pour Alpha Condé, le chef de la junte promet de procéder à une libération des détenus politiques. Il donne également un espoir à un dialogue social qui a assoiffé tant de Guinéens.

Cependant, les condamnations d’institutions internationales donnent une pression sur les mutins. D’abord, le Secrétaire général de l’organisation des Nations Unis (ONU), sort de son silence et fustige le coup d’État, puis appelle à un retour à l’ordre constitutionnel. Ensuite, suivent des institutions continentales et des pays de grandes puissances étrangères.

Un événement « nécessaire » ?

Néanmoins, la réalité prouve que ce renversement de situation politique par des hommes en uniforme, vient pour les citoyens à un moment « nécessaire ». Comme témoigne monsieur Sylla, rencontré dans la rue au quartier Aviation : « il faut être guinéen et vivre dans le pays pour connaître les réalités auxquelles nous sommes confrontées. Cet acte vient à un moment opportun pour nous libérer dans ce gouffre infernal sans lendemain, du système de Alpha Condé ».

Sur la toile, on voit des jeunes changer de patronyme pour mettre à leurs profils celui de Doumbouya, actuel homme fort du pays. Certains vont jusqu’à prendre des images avec des militaires en tenues, parfois détenant une arme pour poster sur les réseaux sociaux. Tout cela, dans le but d’apporter leur soutien au CNRD.

Dans la Guinée profonde, les populations envahissent les voies pour disent-elles, aller accompagner les nouveaux gouverneurs et préfets à accéder à leurs actuels bureaux de services.

« Ceux qui étaient là sous Alpha Condé, nous ont foutus le bordel. On se souvient encore de l’époque de manifs du FNDC (Frond national pour la défense de la constitution), contre le fameux 3e mandat de Alpha. Ce sont ces administrateurs locaux qui nous ont le plus fatigués. Ils doivent même répondre de leurs actes devant la justice. C’est pourquoi nous voulons les déguerpir de chez nous », me laisse entendre un jeune de Mamou, en moyenne Guinée, contacté au téléphone.

Ces dernières 48 heures ont amené une forte majorité des acteurs sociopolitique à se prononcer et apprécier la façon dont l’opération s’est déroulée. Les premiers mots ont sans doute réconforté. Mais la suite des épisodes, nous l’étudierons encore plus dans le temps.